Anaïs : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Alexandre Geoffroy : En quelques mots, j’ai bientôt 51 ans, je travaille depuis 1997 dans le monde des organisations professionnelles, de 1997 à 2007 dans le bâtiment et les travaux publics et depuis 3 ans au poste de délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes de la FNTV à Vénissieux. Dans le cadre de cette responsabilité, j’assure aussi des cours de droit du travail à l’université Lyon 3 puisqu’on est partenaire d’une licence management des services de transports de voyageurs dont la FNTV est non seulement partenaire, mais aussi est à l’origine, à la création. Mes différentes fonctions m’ont permis aussi d’être délégué syndical patronal, pendant 13 ans, j’ai été également conseiller prud’homme, juge assesseur au tribunal des affaires de sécurité sociale de Savoie donc je connais un petit peu le monde de l’entreprise. Toujours aussi heureux et fier de travailler pour les entreprises et pour les entreprises de transports de voyageurs en particulier, parce que je trouve que dans ce secteur, peut être plus que d’autres ou que certains, il y a une dimension humaine pour ne pas dire humaniste qui est importante, qui est primordiale.
A : Pouvez-vous nous en dire plus sur la FNTV ?
A.G : La FNTV, c’est une fédération nationale, Fédération Nationale des Transports de Voyageurs, qui existe depuis 1992. À l’époque et avant cette date, elle était englobée au sein de la Fédération Nationale des Transports Routiers de Marchandises et en 1992 les transporteurs de voyageurs ont souhaité prendre leur essor. Aujourd’hui, la FNTV en chiffre et en 2019, ça représente environ 3000 entreprises en France, un peu plus de 70 000 autocars, 100 000 salariés et un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Au niveau national, c’est environ 1500 adhérents et nous, au niveau régional, on compte à peu près 200 adhérents, 7000 véhicules et 12 000 salariés. On a un taux de syndicalisation d’environ 90%.
A : Nous savons que la crise sanitaire a bouleversé la mobilité et notamment ébranlé le monde des transports collectifs. Comment vivez-vous cette crise ?
A.G : Bien évidemment, c’est une crise sans précédent pour la quasi-totalité des secteurs économiques. On espère prochainement voir le bout du tunnel car les entreprises sont dans une situation très difficile aujourd’hui, d’autant plus que malheureusement, à la différence de l’année dernière, les entreprises n’ont pas pu effectuer de saisons d’hiver en raison de la fermeture des remontées mécaniques. Elles n’ont pas pu assurer leur chiffre d’affaires avec ce qu’on appelle communément les skis bus.
Et il est vrai qu’à partir de mars 2020, il a fallu gérer tout à la fois un arrêt des activités, le début du confinement, la mise en place d’un protocole sanitaire. Il a fallu aller négocier la prise en charge de frais fixes avec le conseil régional, commander des masques en provenance de Chine, faire rentrer par le biais de la FNTV, une action de la FNTV, les entreprises dans le plan tourisme, que les transporteurs routiers de voyageurs soient véritablement considérés comme des acteurs du tourisme à part entière. Il a fallu gérer aussi les pertes de recettes commerciales, les dépenses inhérentes au protocole sanitaire, gérer une reprise d’activité au mois de mai, puis gérer à nouveau un arrêt des activités avec un nouveau confinement. S’occuper aussi ; parce qu’il y a eu des trous dans la raquette, trou qui existe malheureusement toujours ; de tenter de négocier une prise en charge des frais fixes des entreprises qui assurent le transport des personnes à mobilités réduites.
Pour revenir au ski bus, nous avons rencontré récemment M.Boch qui est le maire Mâcot-la-Plagne et président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM), toujours pas de réponse de Matignon pour le moment donc la situation continue d’être très compliquée. Pour terminer, on est arrivé à ce que la FNTV appelle le mur de la dette c’est-à-dire que les crédits ont été reportés, là où il va falloir assurer de nouveau le paiement des crédits notamment pour les cars. Comment fait-on pour payer des crédits quand on n’a pas de trésorerie pendant presque un an ? Quand on n’a pas d’activités en occasionnel ? , etc. Donc en ce moment on est en situation autrement plus compliquée que l’année dernière et on n’en voit toujours pas le bout. La seule sortie de crise, c’est la vaccination pour le plus grand nombre, donc il faut continuer d’être sur le pont et de croiser les doigts. C’est très difficile, et encore plus difficile pour les entreprises que pour nous, bien évidemment.
A : Quel rôle la FNTV peut-elle jouer dans ce contexte inédit ?
A.G : Le rôle qu’elle joue, c’est le rôle qu’elle a toujours joué depuis l’origine et elle a véritablement démontré, au niveau national, mais aussi plus modestement au niveau régional,
“qu’elle était là pour non seulement représenter, conseiller, défendre les entreprises, mais aller aussi se battre auprès des pouvoirs publics qu’ils soient régionaux ou nationaux”
pour prendre en compte les difficultés des entreprises et que des solutions puissent être trouvées, je parlais notamment tout à l’heure de la prise en charge d’une partie des frais fixes. Que des solutions acceptables par tous puissent être mises en place. Justement, la FNTV a permis que l’amortisseur économique et social du gouvernement ou des régions puissent aussi s’appliquer aux entreprises qu’elles représentent.
A : Zenbus utilise le numérique pour répondre à des enjeux d’attractivité et de performance du transport collectif. Quelle est votre perception de ces enjeux pour les exploitants, les voyageurs et les AOM (Autorités Organisatrices de Mobilité)?
A.G : Toute la difficulté actuellement, c’est d’essayer de continuer à préparer l’avenir malgré les difficultés actuelles. Aussi bien sur le plan national que sur le plan régional, on n’oublie pas aussi qu’il y a d’autres sujets d’actualité présents et à venir encore une fois, dont le numérique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la FNTV possède en son sein une commission économie, numérique et prospective qui continue à travailler notamment sur l’application de la loi mobilité. Pour faire simple ce sont les forfaits mobilités,
“c’est l’intermodalité qui nous intéresse véritablement avec le transfert des données numériques.”
En parlant d’intermodalité, nous ce que l’on souhaite à la FNTV, entre autres projets, c’est que quel que soit le mode de transports au pluriel, un passager puisse réserver à l’avance et n’utiliser qu’un seul titre de transport pour se déplacer. Pour le moment, c’est un vœu pieu, mais ça fait partie des choses qui progressivement se mettent en place. Il faut aussi que les conseils régionaux s’approprient ces systèmes d’informations puisque la région aujourd’hui c’est l’AOM principale. Avec notamment la mise en place très prochainement des services numériques multimodaux via des plateformes qui permettent de faire vendre des services, des billets, etc. Des opérateurs comme vous peuvent bien évidemment aider non seulement les collectivités, mais aussi les transporteurs à franchir le pas et à continuer à s’y intéresser indépendamment des difficultés qu’elles continuent à traverser encore aujourd’hui.
A : Merci Alexandre !