A l’occasion des RNTP (Rencontres Nationales des Transports Publics), nous avons eu le plaisir d’échanger avec deux de nos partenaires historiques autour d’un de nos moyens de récupération de la donnée : la Zenbus Box, au service des réseaux scolaires et privés du Groupement Lacroix Savac.
Florian Liscoët : Pour cette première interview aux RNTP, nous avons le plaisir de recevoir deux partenaires qui nous sont chers : un partenaire technique sur la source de récupération de la donnée Zenbus, Paul Chipault, fondateur et dirigeant de Capte, et un partenaire client, Alexandre Ignace, responsable innovation et transformation digitale pour le groupement Lacroix Savac.
Nous parlerons de cette architecture éprouvée pour la partie SAEIV et évolutive notamment au travers des innovations que nous avons testées l’année dernière sur le réseau GPSO, telles que le taux d’occupation.
Pour commencer, Alexandre, peux-tu nous faire un historique des réseaux où nous avons déployé la solution Zenbus avec toi ?
Alexandre Ignace : Historiquement la collaboration avec Zenbus a commencé avec le Groupe Savac (Groupe historique qui s’est regroupé avec le groupe Lacroix pour former le groupement Lacroix Savac) où nous avons déployé la solution Zenbus sur des navettes entreprises. Nous transportions des collaborateurs sur leur lieu de travail sur un réseau public de lignes régulières : GPSO (Grand Paris Seine Ouest).
Aujourd’hui, côté groupement Lacroix Savac, nous avons développé la collaboration avec Zenbus sur des réseaux scolaires. En effet, ce qui a été mis en avant et ce qui a été très apprécié, c’est le côté IV (Information Voyageurs) pour rassurer les parents. Cela leur permet de savoir exactement où sont leurs enfants en suivant le bus en temps-réel sur une carte.
Olivier Deschaseaux : Si nous nous replaçons dans le contexte de notre premier déploiement avec la SAVAC : nous sommes en 2015 et il s’agit alors de notre deuxième réseau. C’étaient donc les balbutiements de Zenbus. Aujourd’hui nous en avons plus de 200.
À l’époque, nous sommes face à une équipe dirigeante de la Savac qui, très tôt, semble percevoir une valeur importante dans ce que nous faisons et qui nous fait confiance. À ce moment-là nous utilisons un simple smartphone activé par le conducteur, ce que nous faisons d’ailleurs encore sur beaucoup de réseaux. Cependant, ce n’était pas la solution idéale pour le contexte de la Savac et c’est ce qui va nous amener à évoluer.
F.L : Paul, dans cet historique, où te situes-tu ? Quand es-tu arrivé ? Comment connais-tu le groupement Lacroix Savac ?
P.C : C’est très anecdotique. Je connais la Savac pour y avoir travaillé quelques années en tant que job étudiant dans un premier temps. J’ai fait tous les remplacements de postes aux tâches ingrates, mais cela m’a permis d’entrer dans le monde des transports.
Au fur et à mesure, j’ai eu la chance de pouvoir intervenir sur des projets intéressants.
En 2015, nous organisions des petites navettes pour l’Open de France de golf. C’est à cette occasion que je rencontre Olivier (NDLR : Olivier Deschaseaux, Co-fondateur Zenbus) avec qui nous faisons un test Zenbus sur ces navettes. Quelque chose d’absolument génial !
Aujourd’hui en 2021, nous avons l’impression que c’est complètement acquis, mais à l’époque, c’était littéralement une innovation de rupture. La seule information voyageurs existante, était les bornes d’information voyageurs aux arrêts, qui marchaient une fois sur deux, avec des écrans en noir et blanc. Avoir accès sur un simple smartphone à une information voyageurs en temps-réel était très impressionnant.
C’est donc au travers de ce premier événement que nous nous sommes connus et que les dirigeants de la Savac ont été convaincus par la solution.
Quelques années plus tard, lorsque nous avons lancé Capte, j’ai repris contact avec Olivier qui avait besoin de se défaire de la contrainte du smartphone qui n’est pas toujours le moyen le plus adapté d’acquérir des données et des positions sur un véhicule. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler pour le compte de Zenbus. La Savac a été notre premier client et Zenbus notre deuxième. Cela a été incroyable, nous avons mis notre produit sur le marché fin 2017 et début d’année 2018 nous équipions tout le réseau SEMITAN de Zenbus. Cela a été un beau tremplin. Merci pour la confiance qui nous a été portée pendant tout ce temps.
F.L : Depuis, c’est plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de véhicules équipés de boitier Capte en France et à l’international.
O.D : A date, nous sommes effectivement en train de dépasser les 1000 véhicules équipés avec des boîtiers Capte. Zenbus a installé ces boîtiers à Détroit, au Pérou, à l’île Maurice, à Abidjan, en Chine ou encore à la Réunion. Nous commençons à les exploiter sous toutes les coutures et dans tous les pays !
F.L : Aujourd’hui Zenbus met à disposition différentes interfaces de supervision de statistiques, mais également d’information voyageurs. C’est sur cette dernière que nous allons faire un focus aujourd’hui, qui est au cœur de notre métier et qui est à la genèse de Zenbus il y a quelques années.
Actuellement grâce à Paul sur ce contexte GPSO nous sommes en capacité de produire, de manière automatisée pour les conducteurs, une donnée fiable et normée que nous mettons à disposition des usagers.
Alexandre, quel intérêt cela représente pour vos voyageurs ?
A.I : L’interface d’information voyageurs présente est très explicite et fortement intéressante que ce soit pour des clients des navettes du réseau GPSO ou pour les parents des transports scolaires. En effet, nous avions comme souhait d’apporter une réassurance aux parents, qui sont souvent à l’aveugle et ne savent pas où sont leurs enfants qui quittent l’établissement. Ils peuvent dorénavant grâce à l’information voyageurs savoir où est le bus en temps-réel, en cas de retard par exemple. Cela a été un point de différenciation dans notre réponse à l’appel d’offres.
Du côté exploitation, nous utilisons vos outils de supervision et statistiques pour la régulation du réseau et pour suivre en live les véhicules, que ce soit pour des navettes urbaines, pour des navettes entreprises ou encore des circuits scolaires.
Ce qui est également intéressant avec vos interfaces, ce sont leurs côtés évolutifs, dynamiques et adaptables. Durant la crise sanitaire, nous avions besoin de réassurer les voyageurs en les informant du taux d’occupation du véhicule. Grâce à Capte et à Zenbus, nous avons été capables, sur le réseau GPSO via les interfaces Zenbus d’afficher le taux d’occupation des véhicules et apporter une information voyageurs supplémentaire à nos usagers.
Dans le contexte de nos navettes entreprises, là encore, Zenbus a su s’adapter. Nous avions besoin de connaître le nombre de collaborateurs qui utilisaient les navettes entreprises dans le cadre de la mutualisation de navettes entre plusieurs sociétés. Zenbus, grâce à sa fonctionnalité de comptage intégrée dans le smartphone du conducteur, a répondu à cette attente et nous a ainsi permis de gérer plus facilement les facturations.
Nous sommes sur un produit qui a évolué en fonction de nos besoins. Nous avons commencé avec de l’information voyageurs et aujourd’hui nous sommes sur une solution complète, de bout en bout. Elle nous permet d’une part de rassurer nos clients et d’autre part de démontrer la robustesse de notre réseau auprès de notre autorité organisatrice.
Zenbus est en capacité de mettre à disposition des interfaces d’information voyageurs en proposant aux utilisateurs de voir leur bus en temps-réel, d’estimer un temps d’attente à l’arrêt et de distance du bus ou encore d’indiquer le pourcentage de taux d’occupation du véhicule. Dans le cadre de cette architecture, l’ensemble de ces informations sont collectées par Paul grâce à ses boitiers.
P.C : A l’occasion de projet autour des usages des transports, nous avions une vraie complémentarité puisque Capte est né du besoin d’aller chercher l’information pertinente dans le matériel roulant et dans ses équipements.
Nous avions plein d’informations pertinentes dans différents systèmes embarqués (billettique, SAEIV etc), cependant il était extrêmement difficile d’aller les collecter, car il n’existe que peu de standards.
Chez Capte cette capacité d’aller chercher l’information, les standardiser et les envoyer vers des tiers peut générer beaucoup de valeur.
Ce que nous avons fait ensemble en est le parfait exemple. Les expérimentations que nous avons menées sur GPSO étaient d’ailleurs intéressantes puisque nous avons maintenant un outil de restitution de données incroyable qui est le SAEIV Zenbus et un outil de collecte très fort qui est le boîtier capte.
Nous avons trouvé de nouveaux usages à cette collecte et à cette restitution de data et le taux d’occupation en était une.
L’expérimentation que nous avons menée avec la Savac sur les navettes de Chaville, consistait à réussir à estimer une charge de passagers sans installer de système de comptage. Ce genre de système marche très bien cependant il a quelques défauts : il est très onéreux, nécessite un long temps d’installation et l’estimation de charge est réalisée en faisant la différence entre toutes les montées et toutes les descentes. Or si le véhicule tourne en rond et qu’il n’y a pas de terminus où tous les passagers descendent, les erreurs de comptage de toutes ces fausses montées et toutes ces fausses descentes s’accumulent dans le temps. À la fin de la journée, nous pouvons nous retrouver avec plus ou moins 200 personnes dans le bus alors qu’en réalité il n’y a que 20 passagers à bord.
À l’inverse, l’approche qu’on a eue a été d’essayer d’estimer la charge en utilisant des données techniques. Des données moins précises sur le nombre de montées à un arrêt certes, mais des données stables. Nous avions une belle tendance pour savoir si le bus était rempli à 20%, 40%, 60% ou 80%.
Cette expérimentation est une belle preuve de notre complémentarité et de ce que nous sommes capables de faire avec des outils de collecte et de restitution flexibles, ouverts et innovants.
F.L : Pour revenir sur le réseau de GPSO, Zenbus, au-delà de l’information voyageurs en temps-réel, nous sommes capables de remonter des informations sur la fréquentation d’utilisation des interfaces Zenbus (application ou interface web) mais également sur les lignes ou les arrêts où Zenbus est le plus consulté. Cela permet à nos clients d’avoir un retour d’investissement sur la solution déployée. En quoi cela est-il utile pour un exploitant de transport ?
A.I : En tant qu’opérateur sur ce type de réseau, nous avons un réseau commandé par une autorité organisatrice de mobilité et Zenbus va nous aider à deux niveaux.
D’une part, vis-à-vis de cette relation, en connaissant l’activité du réseau et en donnant une idée de sa fréquentation, grâce aux rapports d’usages couplés avec les capacités avérées de mesure du taux d’occupation du véhicule.
D’autre part, côté exploitation, nous nous devons d’avoir des bus à l’heure. La supervision Zenbus est un précieux outil qui nous permet de rejouer des courses, comprendre pourquoi nous sommes en retard ou en avance, savoir s’il y a quelque chose de récurrent qui arrive sur une ligne ou sur un tronçon en particulier.
Il nous permet d’avoir une force d’opposition face aux potentiels retours de notre autorité organisatrice, qui aurait des retours de certains usagers. C’est également une preuve de la robustesse de notre travail.
Lorsque nous répondons à de nouveaux marchés, cet outil va nous permettre de prouver la qualité de service de nos réseaux, il nous permet de comprendre, d’analyser et de réagir et donc d’être dans une démarche d’amélioration continue.
O.D : Quelques remarques concernant les usages de GPSO et sur ces chiffres.
Nous voyons avec plaisir que nous avons des usages récurrents et en croissance, CQFD nous répondons bien à un besoin. Pour la précision, ces chiffres correspondent au nombre d’utilisations de notre application et nos interfaces Zenbus. En revanche, cela ne comprend pas la consultation d’informations au travers d’autres applications multimodales que nous pouvons alimenter comme par exemple : Île-de-France Mobilité, BonjourRATP ou encore Google map). D’un point de vue voyageur,l’enjeu de Zenbus est d’alimenter l’ensemble de ces plateformes avec de l’information temps-réel et permettre à ceux dont l’enjeu premier est de savoir où est leur bus, d’accéder à l’interface Zenbus.
Ma dernière remarque porte sur la notion de désintermédiation. Lorsqu’un utilisateur utilise une interface comme Google Map par exemple, il est impossible pour l’exploitant d’avoir des informations sur les consultations qui ont été opérées sur son réseau.
A contrario, sur l’exemple des rapports d’usage Zenbus, non seulement l’exploitant, mais aussi le territoire peuvent suivre précisément les usages qui sont effectifs de leurs propres administrés sur l’information voyageurs, mais également des informations plus fines qui permettent notamment de comprendre quels sont les arrêts et quelles sont les lignes les plus sollicitées sur l’app Zenbus, qui sont dignes d’intérêt et qui nécessitent peut-être d’adresser des réponses particulières.
F.L : Concernant le déploiement, comment s’est-il passé ? L’installation des boîtiers Capte au sein du groupement Lacroix Savac a-t-elle été facile ? Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
A.I : Le déploiement a été très rapide et nous avons privilégié cette architecture, car nous avions besoin de Zenbus mais également de récupérer d’autres données pertinentes. Au fil de l’eau Capte a su faire évoluer son boîtier pour répondre à ces nouveaux besoins métier de l’exploitation et du constructeur.
O.D : Le déploiement m’évoque un nombre : 36. En effet, pour rebondir sur l’anecdote de Paul sur l’Open de France de Golf nous avons eu 36 h de préavis pour que notre système soit opérationnel. Et en 36h nous avons assuré un service de qualité pour des participants exigeants pour leur permettre de localiser précisément leur navette sur une application.
P.C : Très concrètement depuis quelques années les solutions digitalisées dans le transport se multiplient, entre les équipements qui sont déjà présents et les solutions qu’on ajoute pour des aspects réglementaires, celles pour contrôler les consommations énergétiques, etc. On se retrouve avec une offre de plus en plus étoffée, mais à notre sens trop segmentée.
Il manquait une solution capable d’adresser à 360° les besoins d’acquisition de données embarquées et leur restitution.
Plus concrètement, pour le contexte du Groupe Lacroix Savac, le groupe a souhaité utiliser les boîtiers pour alimenter l’information voyageurs Zenbus. Notre rôle a été d’identifier le matériel embarqué qui nous permettait de récupérer l’information de ce que faisait le véhicule et s’y connecter, des girouettes Mobitec dans le cas suivant.
Le boîtier présent permet de se raccorder également à différents points dans le véhicule et récupérer d’autres informations pertinentes telles que : des informations de consommation, des informations sur les moteurs, sur le châssis ou autres, à destination de la gestion de flotte, de là maintenant et éventuellement de l’exploitation pour les informations concernant la consommation énergétique. Une fois récupérées sur notre backoffice, nous les envoyons vers nos partenaires tel que Zenbus et au sein des modules dans lesquelles elles vont être traitées pour nos clients utilisateurs Lacroix Savac.
Merci Alexandre, merci Paul.